Exercices de philosophie expérimentale
avec Florian Cova
Par la mise en place d’expérience de pensée, la philosophie expérimentale veut tester les théories philosophiques… un tramway fonce à toute allure sur cinq cheminots, qui se trouvent sur une voie. Sur une autre voie, se trouve un autre cheminot. A la portée de A se trouve une poignée qui permet de détourner le tramway vers la voie où se trouve le cheminot, la question est : a-t-il moralement le droit de détourner le tramway, ce qui sauvera les cinq cheminots, mais provoquera immanquablement la mort de l’autre cheminot ?
Florian Cova est Maître-Assistant au Centre Interfacultaire en Sciences Affectives (Swiss Centre for Affective Sciences) à l’Université de Genève.
La migration et ses défis éthiques
avec Johan Rochel
Le phénomène migratoire place les responsables politiques et les citoyens des démocraties européennes dans des situations difficiles. Les défis migratoires interrogent profondément nos valeurs et nos convictions. Dans une perspective éthique, le défi consiste à identifier ces valeurs, à les organiser et à les systématiser dans le cadre d’une communauté politique, afin de pouvoir ensuite développer et mettre en oeuvre une politique migratoire cohérente.
Johan Rochel est docteur en droit et philosophe. Spécialiste de philosophie politique et de questions touchant à l’organisation de la vie en société, il est membre associé du Centre d’éthique de l’Université de Zurich, et chargé d’enseignement dans différentes universités. Chercheur au think-tank foraus et membre de la Commission fédérale pour l’enfance et la jeunesse, il a lancé en 2014 le projet « Ethique en action », avec l’objectif de renforcer les compétences éthiques dans les entreprises, partis politiques, ONG.
Il est notamment l’auteur d’une introduction à l’éthique de la migration intitulée Repenser la migration, une boussole éthique, PPUR, Collection Le Savoir suisse, 2016. Celle-ci offre une vision synthétique du débat éthique contemporain autour du phénomène migratoire.
De l’objet à la construction du sens
avec Piergiorgio Quadranti
en collaboration avec la Société Valaisanne de Physique
La tradition propose comme paradigme fondamental pour la science la rencontre entre un sujet et un objet (substance). La science résulte de l’organisation des observations sur l’évolution de(s) l’objet(s). La théorie atomique, considère les atomes comme parties d’un objet situé dans l’espace et le temps. Ainsi aux atomes sont attribuées sans autre les propriétés spatiales et temporelles des objets. La combinaison de cette conception avec la description mathématique proposée par la mécanique quantique aboutit à des paradoxes. L’étude de la fondation expérimentale de l’épistémologie génétique de Piaget ainsi que la nécessité qui en dérive de proposer une construction radicale conduit à proposer un nouveau paradigme selon lequel la construction du savoir est avant tout celle d’une réalité supplémentaire à partir de celle dont on dispose à un niveau de construction déjà atteint. C’est l’activité à l’œuvre dans toute construction d’un sens. Selon ce paradigme, il n’est plus admis de transposer sans autre les propriétés des objets classiques (texte à interpréter) sur la réalité invisible (ou sens) dont on construit la structure sans jamais pouvoir l’observer. La construction doit être faite ex novo. Pour trouver des portes d’entrée dans ce domaine et identifier les problèmes il faut reprendre un peu ce que les grands philosophes (souvent férus de mathématique ou/et de physique) ont déjà proposé. Cela ne va pas de soi mais est fascinant…
Après des études en physique théorique et en philosophie, PierGiorgio Quadranti effectue sa thèse de doctorat avec Carl Friedrich von Weizsäcker sur les fondements de l’épistémologie de Piaget, avec qui il collabore par ailleurs aussi pendant près de 10 ans. Dans sa thèse, il propose un nouveau paradigme interprétatif, combiné avec une option constructiviste radicale. En parallèle à son métier de professeur de philosophie et de physique au collège, il dédie ses recherches au développement de ce nouveau paradigme, en collaboration notamment Carlos Ulises Moulines, Wolfgang Balzer et J. D. Sneed (tenants du programme structuraliste dans la philosophie des sciences contemporaines).
Quel impact de la publicité en démocratie ?
avec Flora Corthay,
étudiante au LCP, prix du meilleur travail de maturité en philosophie.
Une éthique du désir contre l’impasse du « toujours plus »
avec Anne Merker
Mardi 21 février 2017, 18h15-19h30.
La croissance indéfinie des richesses et de l’activité économique, longtemps horizon indépassable et but indiscutable des sociétés avancées, se heurte de plus en plus à la réalité finie du monde vivable et de ses ressources. Cette question n’est pas une simple question d’écologie et de « protection de l’environnement ». Il en va tout autant de la relation entre économie et politique, et plus encore de la dynamique du désir et de sa tendance au « toujours plus », que les philosophes de l’Antiquité avait déjà nommée comme « pléonexie ». L’injonction de « respecter l’environnement » ne suffira jamais : c’est un retour éthique sur soi qui est nécessaire, et dont la nécessité n’est pas nouvelle. Les réflexions morales de l’Antiquité apportent ici une contribution importante, qu’il s’agisse de Platon, d’Aristote, ou d’Épicure et de bien d’autres encore, grâce à leur éthique du désir.
Anne Merker est professeure de philosophie à l’université de Strasbourg. Bibliographie: Une morale pour les mortels – L’éthique de Platon et d’Aristote, Paris, Les Belles Lettres, 2011 (Prix Joseph Saillet 2013, décerné par l’Académie des sciences morales et politiques); Le principe de l’action humaine selon Démosthène & Aristote. Hairesis – Prohairesis, Paris, Les Belles Lettres, 2016; Aristote, Paris, Ellipses, collection Aimer les philosophes, à paraître en 2017.
Qu’est-ce que le virtuel ?
avec Stephane Vial.
Internet a profondément changé notre relation aux autres et au monde. Comment ce rapport est-il modifié par la culture numérique? Qu’est-ce qui a changé dans notre perception? Quel est l’être des êtres numériques qui émergent de nos écrans et de nos interfaces?
Stéphane Vial est docteur en philosophie, maître de conférence en design à l’université de Nîmes, fondateur et directeur de création de LEKTUM, agence de design interactif. Directeur et rédacteur en chef de la revue Sciences du Design aux Presses Universitaires de France, il est l’auteur de plusieurs livres dont L’être et l’écran (PUF) et Le design (PUF, Que sais-je ?).
La mesure de l’occident
avec Giovanni Chiaramonte, photographe, professeur d’histoire et de théorie de la photographie à l’IULM de Milan.
Que reste-t-il de nous après la mort qui vaille la peine d’être préservé et livré à la mémoire de ceux qui vivront ensuite?
Itinéraire poétique et critique de l’invention de la photographie au monde virtuel du web.
Quelques œuvres : Giardini e paesaggi, 1983; Terra del ritorno, 1989; Penisola delle figure, 1993; Westwards, 1996; Ai confini del mare, 1999; Milano. Cerchi della città di mezzo, 2000; In corso d’opera, 2000; Frammenti dalla Rocca. Cefalù, 2002; Dolce è la luce, 2003, Abitare il mondo. Europe, 2004; Berlin, Figure, 2004; Attraverso la pianura, 2005; Senza foce, 2005; Come un enigma_Venezia, 2006; Nascosto in prospettiva, 2007; In Berlin, 2009; L’altro_Nei volti nei luoghi, 2010-11; Via Fausta, 2011; E.I.A.E. – Et In Arcadia Ego, 2012; Interno perduto_L’immanenza del terremoto, 2012.
Quelques expositions: Diaframma, Milano 1974; Galleria d’Arte Moderna, Modena 1975; Studio Marconi, Milano 1983; Deutsches Architekturmuseum, Frankfurt/M. 1986; Biennale di Venezia 1992, 1993, 1997 e 2004; Hunter College, New York 1997; Ikona-Magazzini del Sale, Venezia 1998; Fondazione Stelline, Milano 2005; Palazzo Sarcinelli, Conegliano 2005; Bugno Art Gallery Venezia, 2006; Museo Civico, Padova 2007; Triennale di Milano 2000-2009-2011; Palazzo Costa Grimaldi, Acireale 2010, Palazzo Sertoli, Sondrio 2010; Palazzo Corbelli, Fano 2011.
Prix Friuli-Venezia Giulia per la Fotografia 2006
Prix “Oscar della Fotografia”, Benevento 2007
Prix “Rodolfo Pucci – La Fibula d’Oro”, Castelnuovo Garfagnana 2009
Prix Ischia Fotografia d’Architettura, Ischia 2012
Meilleur Travail de Maturité de Philosophie 2016
La Société Valaisanne de Philosophie, dans le but d’encourager et de promouvoir l’étude de la philosophie, décerne le prix du meilleur travail de maturité dans ce domaine.
Cette année, c’est le travail de Romain Pralong, du collège des Creusets, qui a été primé.
Il a pour titre: « Qu’est-ce que l’autorité? ».
Le concept d’autorité a souvent été déformé, faussé, dénaturé. On le considère parfois comme une forme maquillée de l’autoritarisme à défaut de l’amalgamer au pouvoir, on y décèle un artifice propre à légitimer la servitude, un facteur d’aliénation, un despotisme spécieux.
Une jeunesse sexuellement libérée (ou presque)
avec Thérèse Hargot, philosophe et sexologue. Ses recherches portent sur les « gender studies » et sur les rapports de pouvoir liés à la médicalisation du corps féminin dans les processus reproductifs (sexualité, fécondité, grossesse, accouchement).
Qu’avons-nous fait de la libération sexuelle ? Banalisation de la «culture porno», course à la performance, défiance à l’égard de la contraception, retour des stéréotypes, obsession de l’orientation sexuelle… Si les jeunes se sentent sexuellement libérés, ils sont prisonniers de nombreux diktats. Quelle est cette liberté qui condamne à choisir en permanence son identité, ses amours, ses pratiques comme n’importe quel produit de consommation? Thérèse Hargot nous invite à repenser l’apprentissage de la vie affective, relationnelle et sexuelle.
Duel-philo
Dans une démocratie, c’est la force des mots qui prime sur la violence et l’oppression. Dans ce premier rendez-vous, de jeunes universitaires se prêtent au « jeu sérieux » de la dispute philosophique sur le thème « Pouvoir et culpabilité ».
Oubliez les séances de fitness, et préparez-vous aux subtilités de l’argumentation: cette première soirée est un échauffement!
Philosophie du joueur… de jeux vidéo
avec Mathieu Triclot, Maître de conférences et professeur d’Art, Techniques et Marchandise à l’Université de technologie de Belfort-Montbéliard, auteur de Philosophie des jeux vidéo (2011), la Fabrique des jeux vidéo (2013). Il a été le commissaire de l’exposition Jeux vidéo à la Cité des Sciences à Paris. Ses recherches en philosophie des techniques portent sur l’histoire de la notion d’information, la cybernétique et notre rapport à l’informatique.
Les jeux vidéo constituent l’une des toutes premières pratiques culturelles de nos sociétés, à l’égal du cinéma. Pour autant la recherche universitaire a mis très longtemps à s’emparer de cet objet, marqué par une forme d’illégitimité culturelle. La conférence présentera un panorama des recherches contemporaines sur les jeux vidéo, pour situer parmi toutes les stratégies disponibles l’approche par le jeu (play) et les joueurs que défend l’auteur depuis Philosophie des jeux vidéo. Comment peut-on comprendre les expériences des joueurs de jeu vidéo, la relation intime qu’ils déploient à la machinerie informatique et à l’écran ? Quel sens cette expérience culturelle prend-elle au regard de la grande transformation numérique qui affecte nos sociétés ?
Penser et agir en nazi
avec Johann Chapoutot, Professeur à la Sorbonne nouvelle Paris III, membre de l’Institut Universitaire de France.
Les crimes du nazisme dépassent l’entendement. Devant l’absurdité de tant de violences et de destructions, la perplexité domine et la tentation est grande de rejeter les concepteurs et les acteurs de ces crimes hors de l’humanité : on a affaire, dit-on,à des fous, des arriérés, des barbares, voire des possédés. Or l’historien doit partir du constat qu’il étudie des êtres humains et que, pour les acteurs des crimes, les actes avaient un sens. Lequel ? Cette conférence tente d’apporter des éléments de réponse.
Johann Chapoutot, spécialiste de l’histoire de l’Allemagne contemporaine et du nazisme, a notamment publié La loi du sang. Penser et agir en nazi (Gallimard, 2014) et Histoire de l’Allemagne (de 1806 à nos jours), en Que Sais-Je (2014).
Meilleur Travail de Maturité de Philosophie 2016
La Société Valaisanne de Philosophie, dans le but d’encourager et de promouvoir l’étude de la philosophie, a décidé la création dès cette année du prix du meilleur travail de maturité dans ce domaine.
Les enseignants du Valais romand ont envoyé les meilleurs travaux, qui ont été évalués par les membres du comité de la SVPh.
Cette année, c’est le travail de Sylvie Kittel, du collège de la Planta, qui a été primé.
Il a pour thème: « La liberté, une illusion? ».
Joseph doit trancher entre partir ou ne pas partir en vacances. Finalement, il se décide à partir. Il semble prendre librement la décision de s’en aller. Bien entendu, Joseph a pesé le pour et le contre avant d’arrêter son choix. Certaines raisons l’ont sûrement influencé à partir, mais cela ne change pas le fait qu’il aurait tout aussi bien pu choisir le contraire et rester chez lui. Il a volontairement choisi d’accorder plus d’importance à une action : « partir en vacances », plutôt qu’à l’autre : « rester chez lui » (qui est, en fait, une inaction). Dès lors, Joseph estime que c’est grâce à son libre arbitre qu’il a pu prendre seul cette décision. En l’occurrence, le libre arbitre est la faculté qu’a l’être humain de penser, d’agir, de choisir par lui-même et sans contrainte. Joseph pense alors qu’il est à l’origine de ses actes.
Mais cette liberté existe-t-elle vraiment ou n’est-ce qu’une invention de l’homme qui aime à se croire capable de décider de sa vie ? Joseph a-t-il vraiment pris parti ou a-t-il été le jouet de forces qu’il ne contrôle pas et qui ont décidé pour lui ? L’homme exerce-t-il vraiment son libre arbitre ? Ou bien le monde ne serait-il qu’un immense réseau de causes et de conséquences, forçant ses habitants à subir le destin mis en place par de multiples actions antérieures ?
Unions et désunions. Un éloge du mariage qui dure
avec Denis Moreau, professeur de philosophie à l’université de Nantes.
Couples fracassés, divorces, séparations comme s’il en pleuvait : les histoires d’amour finissent mal en général. En quelques dizaines années, une ritournelle amusée des années 1980 s’est changée en description lucide d’un fait social, et tend à devenir une loi de la conjugalité ordinaire.
Le philosophe Denis Moreau, auteur de Pour la vie ? Court traité du mariage et des séparations, prendra comme point de départ de sa réflexion ce fait social qui bouleverse la société contemporaine.
Des machines qui décident de votre sort! L’homme et la société face aux autonomes
avec Dominique Lambert, Dr en philosophie et physique, professeur à l’Université de Namur.
Nous avons vu les robots des romans de science-fiction de l’après-guerre dans les films des années 80, et ils sont maintenant parmi nous: conducteurs, aspirateurs, trading, chatbots, et même warbots (robots de guerre), etc. Certains sont contrôlés à distance, mais d’autres sont autonomes: l’homme apparaît comme le maillon faible dans des processus de décisions trop complexes et trop rapides pour ses capacités. On demande alors que ces machines se comportent de manière correcte, morale.
Tenter de faire en sorte qu’une machine plus ou moins autonome ait un comportement moralement acceptable nécessite alors d’examiner deux aspects différents : peut-on lui implémenter des règles, et en particulier juridiques ? Et peut-on attendre d’elle qu’elle ait une capacité de réflexion éthique ?
Le dialogue philosophique dans l’entreprise – le sens utile
avec Julia De Funès, Dr en philosophie & DESS en ressources humaines.
Les objectifs économiques et la considération de l’homme, les devoirs professionnels et les exigences humaines ne sont pas incompatibles. L’activité humaine, réputée pour être dans le faire et la productivité, n’est pas hermétique à la pensée. Le dialogue philosophique stimule la réflexion, pour plus d’efficacité et plus de sens.
(super)héros méconnus: réflexion sur la modernité des comics contemporains!
avec Marc Atallah, maître d’enseignement et de recherche à l’UNIL, directeur de la Maison d’Ailleurs
Ma réflexion cherchera à cerner, après avoir rapidement rappelé l’histoire du comic book américain, ce qui, depuis les années 1980, se joue dans les bandes dessinées de super-héros. En effet, on voit apparaître au cours de ce que l’on appelle l’Âge Moderne, une mise en scène, dans les comics eux-mêmes, de l’histoire de cette tradition : j’analyserai donc quelques exemples et montrerai ce que les super-héros nous disent – sur nous-mêmes mais aussi sur l’imaginaire (post)moderne.
Auschwitz, l’impossible regard
avec Fabrice Midal, philosophe, auteur notamment de Risquer la liberté (Seuil, 2009) et Pourquoi la poésie ? (Pocket, 2010).
« Mesdames, messieurs, Honorable Cour, devant vous se tient le destructeur d’un peuple, un ennemi du genre humain. Il est né homme, mais il a vécu comme un fauve dans la jungle. Il a commis des actes abominables. Des actes tels que celui qui les commet ne mérite plus d’être appelé homme. Car il est des actes qui sont au-delà du concevable, qui se situent de l’autre côté de la frontière qui sépare l’homme de l’animal. Et je demande à la cour de considérer qu’il a agi de son plein gré, avec enthousiasme, ardeur et passion, jusqu’au bout ! C’est pourquoi je vous demande de condamner cet homme à la mort. »
Les mots du procureur Hausner lors du fameux procès du nazi Adolf Eichmann au début des années 60 résonnent comme une malédiction rassurante.
Nous avons bien retenu la leçon (« plus jamais ça »), et le nazisme est devenu l’emblème méritée du mal absolu, tant et si bien que le qualificatif (« nazi ») vaut en place de tout argument. Devoir de mémoire, visites des camps, images des camps (celles qui furent projetées lors du procès de Nuremberg, une grande première), dénonciation des « crimes contre l’humanité » (Conférence de Londres, 1945), etc.
Eichmann s’est comportée de manière inhumaine : il a agi comme un fauve, il a franchi une limite, il faut le condamner. Il est autre, il est loin de nous. Il n’a rien à voir avec nous (c’est-à-dire avec tous ceux qui lisent cet article et n’ont pas commis de crimes de guerre ou de crimes contre l’humanité). Il y a les monstres et nous n’en sommes pas. Heureusement.
Les enjeux du concept de « genre »
avec Michel Boyancé, doyen et directeur de l’IPC (Facultés libres de Philosophie et de Psychologie de Paris).
Le concept de « genre »: De quoi s’agit-il ? Peut-on parler du genre à la place du masculin ou du féminin ? Quelles en sont les implications ? Quelle société se dessine alors ?
Quelle philosophie pour les droits de l’homme ?
avec Henri Torrione, professeur de droit fiscal et de philosophie du droit à l’Université de Fribourg.
La littérature fait majoritairement référence au libéralisme comme philosophie des droits de l’homme, avec Hobbes et Kant comme figures majeures, et à l’individualisme comme fondement anthropologique. Mais cette thèse est-elle correcte ?
Ethique individualiste, dette et liberté
avec Nathalie Sarthou-Lajus, Professeur de philosophie en Licence de Sciences Politiques et Rédactrice en chef adjointe de la revue Etudes.
L’éthique individualiste ne peut que dénoncer la dette, fausse représentation du devoir qui lie le sujet au destin des autres et le détourne de son propre accomplissement – le signe d’un risque d’aliénation du sujet. Pourtant, l’individualisme produit des individus désaffiliés chargés de dettes impayables.
Comment vivre cette contradiction ?
Les outils de la philo pour bien vivre le travail
avec Eugénie Vegléris
Comprendre pour avoir prise sur les situations, éclairer son cheminement grâce aux visions des grands philosophes, dialoguer pour trouver les solutions grâce aux expériences des autres : étrangère aux recettes, les mêmes pour tous, la philo propose une méthode permettant à chacun de construire ses propres pistes d’action. A travers l’analyse de situations concrètes, Eugénie Vegleris montre en quoi l’approche philosophique s’avère opportune tant pour la réalisation professionnelle des individus que pour la réussite d’une entreprise.
Agrégée et docteur en philosophie, Eugénie Vegleris a quitté l’enseignement en 1992 pour introduire la réflexion philosophique dans le monde du travail. Depuis lors, elle intervient dans diverses organisations en utilisant le dialogue comme outil de management. Parallèlement, elle intervient à l’Université des Sciences Humaines de Venise dans le cadre du master « consultation philosophique ». Elle est l’auteur des ouvrages : Manager avec la philo, Des philosophes pour bien vivre, Vivre libre avec les existentialistes, La consultation philosophique (Eyrolles).
En collaboration avec l’Association Suisse de Philosophie et Management et la Médiathèque Valais – Sion.
L’entreprise à l’épreuve du libéralisme
avec Pierre-Yves Gomez
L’idéologie économique se réduit de plus en plus à un ordre managérial, qui rend abstraites les relations entre les personnes et leurs places dans l’organisation au nom de règles comptables et financières. Le gouvernement des hommes dans l’entreprise libérale intègre un nombre grandissant de normes de comportements dits « rationnels » qui ont pour effet de nier la réalité qualitative des personnes au profit de calculs économiques quantitatifs qui sont des marqueurs : combien ils produisent, coûtent, consomment ou dépensent.
Comment résister ?
Economiste, Pierre-Yves Gomez enseigne la stratégie et la gouvernance d’entreprise ainsi que la place de l’entreprise dans la société et la responsabilité économique et politique des dirigeants. Il a été professeur invité puis chercheur associé à la London Business School et dirige aujourd’hui l’Institut Français de Gouvernement des Entreprises d’EMLYON. Ses recherches portent sur la dimension politique du gouvernement des entreprises et sur son lien avec la stratégie. Participant au débat public sur ces questions, il intervient régulièrement dans les médias et tient une chronique mensuelle dans journal Le Monde. Il a rédigé le Référentiel pour une gouvernance raisonnable des entreprises et il a étroitement participé à l’élaboration du Code de gouvernance des entreprises moyennes cotées. Il a été élu en 2011 président de la Société française de Management.
Il a notamment publié Le gouvernement de l’entreprise (Ed. Dunod 1996), La république des actionnaires (Ed. Syros 2001) et (avec Harry Korine) L’entreprise dans la démocratie : une théorie politique du gouvernement des entreprises (Ed. De Boeck 2009), Le travail invisible, enquête sur une disparition (François Bourin Editeur 2013).
Maintenir, perpétuer et réparer notre monde – l’éthique du care
par Fabienne Brugère, professeure à l’Université Michel de Montaigne Bordeaux 3, présidente du Conseil de développement durable auprès de la Communauté urbaine de Bordeaux. Elle est notamment l’auteur de Le sexe de la sollicitude (Seuil, 2008) et L’éthique du « care » (PUF, 2011).
Le care ne s’adresse pas seulement aux faibles à travers les activités de soin aux personnes. Il nous concerne tou-te-s, comme êtres par définition fragiles et dépendant-e-s car nous sommes tous à des degrés divers au cours de notre vie, tout comme au quotidien, destinataires de l’attention des autres.
Qu’est-ce que l’éthique du care ? En quoi nous aide-t-elle à regarder le monde, notre vie et notre travail sous un jour différent ? Peut-on l’assimiler à une éthique du sentiment ou à une théorie féministe ? Que signifierait, dans la société contemporaine, prendre au sérieux, comme faisant partie de notre définition d’une société bonne, les valeurs du care – prévenance, responsabilité, attention éducative, compassion, attention aux besoins des autres – traditionnellement associées aux femmes et traditionnellement exclues de toute considération publique ? Telle est la question que soulève Fabienne Brugère dans la ligne des philosophes américaines Joan Tronto, Carol Gilligan ou Nel Noddings. Dans sa conférence, Fabienne Brugère propose une synthèse des recherches autour de la notion de care et montre en quoi cette philosophie sociale constitue aujourd’hui un véritable projet de société.
La beauté des monstres & La promesse des catastrophes
(2 rencontres)
par Ollivier Pourriol
Les images ne pensent pas : elles donnent à penser ou elles y invitent. La salle de cinéma apparaît comme le lieu idéal pour développer cette proposition: plutôt que subir les images, inventer un nouveau regard, changer de point de vue. Ollivier Pourriol propose d’alterner concepts et extraits de films, en organisant le dialogue entre philosophie et cinéma.
Normalien, agrégé de philosophie, Ollivier Pourriol développe une autre façon d’enseigner la philosophie. Depuis quatre ans, il anime au cinéma MK2 à Paris des séances de « Ciné Philo ». Il propose un voyage à bord de films pour explorer les plus belles questions de la philosophie, démontrant la justesse du présupposé : la pensée de masse peut nous introduire à la pensée tout court.
Montagne et philosophie – initiation à la philosophie de Dante
avec François-Xavier Putallaz & François Perraudin
La conférence initiera à la philosophie de Dante Alighieri, qui a inventé le concept moderne de laïcité. La séparation des pouvoirs religieux et politique y est une forme de séparation entre la raison et la foi. Pour ne pas avoir respecté ce clivage, Ulysse se retrouve dans l’Enfer de la Divine comédie, contrairement à Virgile, ou d’autres philosophes ayant l’honneur du Paradis.
Des photos de haute montagne illustreront ce partage entre le ciel et la terre. Photos somptueuses qui rythment un livre d’art hors du commun ; à travers Socrate et Sartre, Héloïse ou Edith Stein, Kant et Aristote, le lecteur y découvre des penseurs sous un jour inédit : une tranche de vie ou une confidence.
En illustrant la philosophie de Dante par la montagne et ses lumières, la conférence et ses photos invitent à une double aventure : celle de l’immense histoire humaine qui entraîne dans la montagne comme elle engage dans la pensée.
François-Xavier Putallaz est professeur de philosophie à l’Université de Fribourg et à Sion.
François Perraudin est guide de montagne et photographe professionnel.
Quelle philosophie pour l’environnement?
par Catherine Larrère, Professeur à l’Université de Paris I-Panthéon-Sorbonne. Spécialiste de l’histoire des théories politiques et économiques à l’époque moderne et les questions éthiques et politiques liées à la crise environnementale (protection de la nature, développement des biotechnologies, prévention des risques).
Érosion des sols, pollutions atmosphériques et aquatiques, épuisement des ressources, notamment des énergies fossiles, extinction accélérée d’espèces, effet de serre et modifications
climatiques… ces phénomènes font partie de ce que l’on appelle la crise environnementale. Rares sont ceux qui contestent l’existence de cette crise et la nécessité de trouver des solutions. Mais a-t-on besoin de philosophes ? On peut comprendre qu’il faille apporter des solutions techniques (les problèmes sont largement d’origine technique), développer une gestion économique de la crise (ces solutions ont des coûts). Mais que vient faire la philosophie, et pourquoi la réflexion philosophique prend-elle le plus souvent la forme d’une réflexion éthique ?En revenant en arrière sur la façon dont les philosophes ont réfléchi sur ces questions, depuis les années 60, nous montrerons comment il existe deux philosophies de la crise environnementale, l’une qui met en cause notre rapport à la nature, l’autre qui s’interroge sur les rapports entre les hommes et leurs techniques. Nous montrerons comment la globalisation de la crise (notamment avec le changement climatique) rend nécessaire de faire se rencontrer ces deux philosophies qui, pendant tout un temps, ont cheminé séparément.
En collaboration avec la Médiathèque de Sion et la Fondation pour le développement durable des régions de montagne.
La dignité: la chose du monde la mieux partagée?
par Eric Fiat, professeur agrégé de philosophie, maître de conférence de l’université de Marne la Vallée , professeur à l’espace Ethique de l’Assistance publique – Hôpitaux de Paris.
« Il faut respecter la dignité de la personne humaine » : cette formule, répétée à l’envie aussi bien dans les Loges que dans les Eglises, dans les tribunaux que dans les hôpitaux, dans les écoles que dans les prisons, contient une thèse à laquelle la plupart de nos contemporains semblent se rallier sans la moindre hésitation: à savoir qu’il suffit d’être Homme pour être digne, à savoir que la dignité est contemporaine de l’humanité. Il faut mesurer l’évolution du concept de dignité : la dignitas était à Rome une charge publique qui ne pouvait échoir aux femmes, aux barbares, aux esclaves. Tous les Hommes ne pouvaient être élevés à la dignitas d’édile, de consul ou de proconsul. Mais le christianisme d’une part, le kantisme à la sienne ont affirmé l’égalité des hommes en dignité : ce qui était apanage est devenu bien commun ; ce qui était privilège est à tous donné.
Mais ce qui est proclamé est-il vraiment réalisé ? La dignité est-elle vraiment devenue la chose du monde la mieux partagée ?
En collaboration avec la Médiathèque de Sion et Palliative-vs.
Le temps du désir & Les objets du désir (2 rencontres)
par Ollivier Pourriol
Ollivier Pourriol propose d’alterner concepts et extraits de films, en organisant le dialogue entre philosophie et cinéma. Il fait naître des questions qui donnent envie de lire, d’écrire et de parler. Partir de l’image pour repartir avec des mots.
Spinoza, Platon, Descartes, Kant et Hegel viendront se confronter à Freud, Jung, Deleuze, Foucault et René Girard, dans l’arène du cinéma, pour nous éclairer sur les mystères du désir.
Ollivier Pourriol est notamment l’auteur de « Cinéphilo – les plus belles questions de la philosophie sur grand écran », Hachette (2008).
Éthique des soins palliatifs
par Jacques Ricot
Les soins palliatifs renvoient au souci d’autrui au moment de sa plus grande vulnérabilité. Ce n’est pas l’horizon de la mort qui le caractérise mais la conception de la vie et de son accompagnement.
Beaucoup de confusions brouillent l’esprit de nos contemporains sur la fin de la vie, au premier rang desquels, l’idée que la dignité serait liée au rejet de la dépendance. Face à l’illusion de la maîtrise et de la toute-puissance, il faut rappeler inlassablement la force et la modestie du geste de soin, dans sa dimension médicale et non médicale, geste qui consent à la mort qui vient, mais ne cherche pas à la précipiter, qui écoute et apaise, mais ne conforte pas autrui dans son autodépréciation.
L’incitation et l’assistance au suicide – enjeux éthiques et révision du code pénal suisse
par Michel Salamolard
L’article 115 du Code pénal suisse, unique au monde, autorise l’incitation et l’aide au suicide pour autant que celles-ci ne procèdent pas d’un mobile égoïste. Des organisations (Exit, Dignitas) se sont engouffrées dans cette brèche. Résultats : augmentation des suicides assistés, « tourisme de la mort », incitation ouverte au suicide… Le Conseil fédéral estime nécessaire de corriger cette situation. Il a mis en consultation deux avant-projets de nouvel article. Cet objet sera sans doute soumis à l’Assemblée fédérale en 2011. Un référendum n’est pas exclu. Autant de raisons pour tous les citoyens de s’informer et de prendre la mesure des enjeux, en vue d’un choix éclairé le moment venu.
Michel Salamolard vient de publier, aux Editions Saint-Augustin, coll. Aire de famille, un petit livre sur le sujet, avec une postface de Jean Leonetti : L’incitation et l’aide au suicide. Le « modèle » suisse et la situation française.
Filmer l’Invisible – vers une esthétique théologique : le cinéma de Robert Bresson et d’Andrei Tarkovski
par Bertrand Bacqué, professeur à la Haute école d’art et de design de Genève.
Comment aborder le cinéma à nouveaux frais? Comment tisser de nouveaux liens entre philosophie, théologie et 7e art? Comment Robert Bresson et Andreï Tarkovski, avec les moyens propres au langage cinématographique, ont-ils donné forme à cette transcendance qu’ils désiraient si profondément manifester?
Pour répondre à ces questions, Bertrand Bacqué propose une triple approche: sémiologique, en portant l’attention sur les signes et les symboles que véhiculent leurs images; phénoménologique, en regardant la manière dont leurs oeuvres nous mènent, au travers des ellipses et des plans-séquences, au-delà du temps; herméneutique, enfin, pour affiner la lecture des parcours christiques que décrivent ces films.
Totalitarisme, religions politiques et modernité chez Eric Voegelin
par Thierry Gontier, professeur à l’Université de Lyon 3.
Voegelin est l’un des principaux inventeurs, dès 1938, du concept de « religion politique » pour qualifier les totalitarismes. Dans les années 1950, Voegelin reviendra sur l’adéquation exacte de cette expression à la réalité qu’elle signifie. Il reste cependant deux grandes thèses, qui constituent des constantes de sa pensée :
1 / Que le totalitarisme est un phénomène d’essence spirituelle, quels que soient par ailleurs les facteurs conjoncturels, historiques et sociaux qui le favorisent, ou encore les manifestations (autoritarisme, violence, meurtres de masse, etc.) qui en constituent la manifestation la plus visible.
2 / Que le désordre spirituel dont le totalitarisme est la manifestation extrême caractérise de façon plus générale l’essence de la modernité politique. Le totalitarisme ne constitue pas une réaction à la modernité, mais l’aboutissement d’une « modernité sans frein » – c’est-à-dire sans le frein de la tradition classique. La question du totalitarisme sert ainsi de prisme pour penser l’essence de la modernité : celle-ci trouve ses racines dans une forme de révolte de l’âme contre elle-même – en tant que lieu d’une tension vers un fondement transcendant de sens.
L’alternative au totalitarisme se situe non dans une forme particulière de gouvernement, mais dans le refus de toute sacralisation du politique et dans la reconnaissance du caractère inachevé de toute institution humaine et de subordination à un ordre plus élevé – c’est-à-dire dans une forme de zététique politique.
Confucianisme et politique en Chine aujourd’hui
par Nicolas Zufferey, sinologue, prof. ordinaire à l’université de Genève.
Le confucianisme est-il adapté à la modernité et à la démocratie ? Y a-t-il aujourdh’hui un effet politique du confucianisme ? Quels rapports le dialogue entre les deux civilisations chinoise et européenne peut-il nouer ? Que veut dire « sagesse » pour le confucianisme ? Doit-on distinguer entre philosophie confucianiste et idéologie ? Ne pas désobéir, est-ce toujours obéir ? Voilà quelques questions qui seront abordées lors de cette conférence.
Diagnostic préimplantatoire : questions éthiques impertinentes
par François-Xavier Putallaz, professeur de philosophie à Sion et à l’Université de Fribourg.
Dans ses recommandations concernant le « Diagnostic préimplantatoire », la Commission nationale d’éthique défend, dans sa majorité, une position pour le moins surprenante. Elle recommande d’autoriser le DPI dans les limites de certaines indications : « Celles-ci doivent, dans un sens restrictif, viser l’évitement de maladies ou de handicaps graves et menaçants au bénéfice de l’être en devenir lui-même ».
Cette idée surprend parce que, on a beau la retourner en tous les sens, elle semble incompréhensible. Elle renvoie à une conception de la personne humaine, qui mérite d’être analysée de manière critique. Actuellement, un projet de loi est en consultation en Suisse. Il suscite de fortes critiques de la plupart des praticiens. Comment trouver une position cohérente et humaniste ?
Lire Soljénitsyne aujourd’hui
par Georges Nivat, Professeur honoraire à l’Université de Genève, Recteur de l’Université internationale Lomonosov à Genève, Président des Rencontres internationales de Genève.
A l’occasion de la nouvelle édition de son “Soljénitsyne” chez Fayard (le 20 février), Georges Nivat vient nous parler de celui que certains ont voulu réduire à un “nostalgique de la Sainte Russie”.
Cannabis et addiction : chemins d’esclavage ?
par Nicolas Donzé, biologiste, FAMH en chimie clinique, responsable de la toxicologie forensique et médicale à l’Institut Central des Hôpitaux Valaisans.
Le cannabis est la drogue illégale la plus consommée en Europe. Comment agit-il sur le cerveau? Peut-il induire une dépendance? Quelle est son influence sur l’adolescent? Voilà quelques questions qui seront abordées lors de cette conférence.
Bibliographie:
Nicolas Donzé et Marc Augsburger, Cannabis, haschich & Cie – un enjeu pour l’individu, la famille et la société, éd. St-Augustin, novembre 2008.
Vladimir Soloviev, penseur oriental du personnalisme chrétien
par Patrick de Laubier
Vladimir Soloviev (1853-1900) que l’on a qualifié « d’Origène russe » est certainement le plus grand philosophe de la Russie. Son oeuvre considérable se réclame davantage de Platon que d’Aristote, mais les sources allemandes sont importantes dans cette synthèse originale. L’intuition centrale prend chez lui le nom de Sophia, qui désigne à la fois l’amour et l’unité que l’amour rend possible. Célèbre mais peu lu Soloviev, fut une sorte de Chevalier de la Sophia. Philosophe et théologien, poète et polémiste, défenseur inspiré des grandes causes il mourut à 47 ans lorsque Vladimir Oulianov (Lénine) en avait 30.
Philosopher avec les enfants
par Karine Soucy
L’utilisation de la philosophie à l’école primaire et secondaire est relativement récente. Mise en route à la fin des années ’60 par les philosophes Matthew Lipman et Ann Margaret Sharp, cette pratique permet d’entrevoir des changements importants dans le monde de l’éducation. Comme le soulignait l’UNESCO récemment, la pratique de la philosophie avec les enfants leur ouvre la voie de la liberté en leur permettant de développer, notamment, des moyens raisonnables de se défendre. A vérifier avec Karine Soucy.
Qu’est-ce que le bien commun ?
avec Michel Siggen
Cette conférence propose de redécouvrir une notion clé de philosophie politique au-delà des a priori du libéralisme et du collectivisme; de redécouvrir également le sens de la loi en démocratie : en effet, la loi n’est pas simplement un contrat mais plus profondément un ordre de sagesse grâce auquel les hommes peuvent non seulement vivre ensemble mais atteindre, par le bien commun, leur propre bonheur personnel.
Banalité du bien, banalité du mal
par Michel Terestchenko
Cette conférence propose de redécouvrir une notion clé de philosophie politique au-delà des a priori du libéralisme et du collectivisme; de redécouvrir également le sens de la loi en démocratie : en effet, la loi n’est pas simplement un contrat mais plus profondément un ordre de sagesse grâce auquel les hommes peuvent non seulement vivre ensemble mais atteindre, par le bien commun, leur propre bonheur personnel.
L’ange de la vision
(conférence présentée avec l’exposition “Habiter le monde – Europes”)
avec Giovanni Chiaramonte, professeur d’histoire et de théorie de la photographie à l’IULM de Milan, prix Friuli-Venezia Giulia pour la Photographie 2006.
Dans un voyage qui part du sud de l’Europe, de ses souvenirs (héritages, monuments, décombres) et de ses identités antiques, Giovanni Chiaramonte est lentement remonté vers le nord. De Gela (lieu de la naissance) à Athènes, de Rome (et Ostie) à Milan, de Evora à Lisbonne, pour arriver à Jérusalem, et ensuite à Berlin. Habitués à projeter sur les récentes transformations de l’Europe la lumière du Nord une lumière banalement associée à l’idée de progrès, de modernité, du futur, nous somme pris par surprise par cette lumière méridionale qui, dans les photographies de Chiaramonte, transforme Berlin en une ville inattendue. Il s’agit d’un parcours contraire à celui qui a porté à la découverte, et à la réinvention, du monde méditerranéen par la culture du centre et du nord de l’Europe. Un voyage pour retrouver ce qui nous avait été donné.
De l’utilité du mythe
avec Philippe Borgeaud.
A partir de la promenade de Phèdre et de Socrate au bord de la petite rivière de l’Ilissos, à midi, à l’ombre des platanes, nous allons essayer de voir comment le mythe est une pratique heureuse de la raison.
Ancien élève du Collège de Saint-Maurice (1958-1965) Philippe Borgeaud est professeur ordinaire d’histoire des religions antiques à la Faculté des Lettres de l’Université de Genève. Il coordonne aussi un enseignement sur les mythes et les grands textes fondateurs à l’EPFL, ainsi qu’un atelier sur les mythes et les rites dans le cadre du projet national sur les émotions. Il a notamment publié au Seuil La Mère des dieux. De Cybèle à la Vierge Marie (1996) et Aux origines de l’histoire des religions (2004), ainsi que des Exercices de mythologie, chez Labor et Fides (2004).
L’image aujourd’hui, dépendance ou discrédit ?
avec Martine Joly, professeur à l’Université de Bordeaux, spécialiste de sémiologie de l’image, auteur notamment de « Introduction à l’analyse de l’image », et de « L’image et les signes, approches sémiologiques de l’image fixe ».
La multiplicité des images, aidée par leur numérisation, provoque un certain nombre de questions autour de la prolifération ou de la manipulation supposée des images. Il semblerait, à y regarde de plus près, que ce ne sont pas tant les images qui changent, que leurs supports et leurs usages. C’est autour d’eux que se posent alors les questions de la dépendance et de leur discrédit. Le rapport entre visibilité et lisibilité reste encore posé et masque peut-être, plus profondément, une peur des images à élucider.
Les sans-Etat dans la philosophie de Hannah Arendt. Les humains superflus, le « droit d’avoir des droits » et la citoyenneté
avec Marie-Claire Caloz-Tschopp, Maître d’enseignement et de recherche, Université de Genève, Faculté de psychologie et des sciences de l’Education (FPSE) ; Chargée de cours (théorie politique, philosophie politique), Institut d’Etudes Politiques Internationales (IEPI) à l’Université de Lausanne ; Chargée de cours à l’Université de Louvain (DESS sur les droits de l’homme).
Etre sans-Etat est une condition d’existence pour des millions de personnes dans l’histoire de la modernité, du XXe siècle et en ce début du XXIe siècle. L’absence de cadre de protection, de droits, a permis le mépris, la haine, l’expulsion, les meurtres de masse de « sous-humains » désignés sur la base d’une idéologie raciste et guerrière par un Etat criminel, dans des camps d’extermination et des fours crématoires. La figure des sans-Etat est un fil rouge pour comprendre notre époque. Que nous apprend la philosophe et théoricienne H. Arendt (1906-1975) à propos des sans-Etat, des camps, du politique? En quoi rejoint-elle et se distance-t-elle d’autres analyses « utilitaristes » sur les transformations de l’économie, du politique, du système d’Etats-nations et des droits, de la démographie, de la géopolitique mondiale, des migrations, du monde du travail et du chômage, de la vieillesse, de la pauvreté, de la maladie habités par une logique marchande du « jetable », etc. Quelle philosophie politique, de citoyenneté, de l’existence H. Arendt nous invite-t-elle à inventer pour aujourd’hui?
Musulmans et occidentaux : comment vivre ensemble ?
avec Khalil SAMIR, Dr en en islamologie et sciences orientales, Créateur du Centre de Documentation et de Recherche Arabes Chrétiennes et islamo-chrétien (CEDRAC).
L’attentat du 11 septembre, le conflit en Afghanistan, les flux migratoires et la présence de 12 millions de musulmans dans l’Union européenne, voilà les phénomènes les plus éclatants qui ont contribué à augmenter l’intérêt pour l’Islam, pour sa culture, pour ses fidèles. Ils provoquent des questions sur une réalité qui est à la fois religieuse, culturelle et politique, dans laquelle se reconnaissent un 1,2 milliards de personnes. Comment est né l’islam? Que représente le Coran pour les musulmans? Existe-il un rapport entre l’islam et la violence? Comment réaliser une intégration réelle dans les sociétés européennes? Et quelles sont les conditions pour une rencontre constructive entre chrétiens et musulmans? Voilà les questions que Samir Khalil Samir, un des plus grands experts internationaux en islamologie, abordera dans sa conférence.
Les dissidents russes : quel bilan?
avec Georges Nivat, Professeur honoraire à l’Université de Genève, Recteur de l’Université internationale Lomonosov à Genève, Président des Rencontres internationales de Genève.
On a plus parlé ces dernières années sur le sujet « écrire les camps » qu’on n’a tenté le bilan moral et politique de la dissidence russe, née du refus de la violence utopique. Pourtant un tel bilan n’est pas inutile pour y voir clair dans la Russie d’aujourd’hui. Le grand dialogue Sakharov-Soljenitsyne continue de donner la ligne de partage entre deux Russies. Il y a une axiologie de l’acte de dissidence, comme il y a une esthétique de l’acte de dissidence. Autrement dit, il reste une « leçon » de ces actes courageux d’individus qui furent déclarés fous. Une thérapeutique du non-conformiste qui date en Russie de Nicolas Ier…
Les origines et le sens de la vie
avec Evandro Agazzi, président de l’Académie Internationale de Philosophie des Sciences et de l’Institut International de Philosophie, et directeur du Centre d’Etudes pour la Philosophie Contemporaine du Conseil National de la Recherche Italien.
Actuellement, ses recherches concernent d’un côté la caractérisation de l’objectivité scientifique et la défense d’un «réalisme scientifique» basé sur un approfondissement des notions de référence et de vérité, avec leurs implications relatives de type ontologique. Ce qui revient à défendre la science comme une forme partielle mais authentique de connaissances de la vérité et d’approche du réel. D’un autre côté, il s’occupe de l’approfondissement du concept de personne et des diverses conséquences qui en dérivent, en particulier dans le champ de la bioéthique: par exemple les questions concernant le statut de l’embryon, les transplantations d’organes, le traitement de patients dans le stade final de leur maladie, les handicapés mentaux ou l’euthanasie.
Pour E. Agazzi, la vision philosophique permet de voir dans l’unité de l’homme quelque chose qui dépasse tous ses côtés partiels (étudiés par la science); elle ne réduit pas la valeur de la personne aux activités et aux fonctions dont elle est capable, normalement, mais dont elle peut aussi être privée.
Science et dignité humaine : l’impossible conciliation ?
avec Jean-Frédéric Poisson, Docteur en Philosophie.
« Dignité » : une sorte de flou entoure ce mot, d’autant plus facilement employé qu’il est rarement défini. On mène en son nom des combats fratricides : des camps s’opposent au plan social et au plan politique, chacun faisant référence à cette réalité. De ce fait, on ne sait plus très bien ce qu’elle est. Paradoxalement, la réalité de la dignité humaine ne fait de doute pour personne. Il s’agit donc de préciser son contenu en même temps que ses sources et ses conséquences pour répondre aux problématiques posées par la science aujourd’hui. »
Jean-Frédéric Poisson a publié notamment :
« Bioéthique, éthique et humanisme : les lois françaises de 1994 » (Etudes Hospitalières, Bordeaux, 2003),
« La Dignité humaine » (Etudes Hospitalières, Bordeaux, 2004).
Un travail décent: points de vue philosophique et spirituel
avec Dominique Peccoud, conseiller du directeur du Bureau International du Travail (Genève).
L’ Organisation internationale du travail, qui compte plusieurs bureaux dans le monde dont un à Genève, a pour mandat principal d’établir des normes minimales du travail à l’échelle internationale et se préoccupe des droits fondamentaux concernant la liberté d’association, le droit de négociation collective, l’abolition du travail forcé et du travail des enfants et enfin l’élimination de la discrimination en matière d’emploi et de profession. Dominique Peccoud, aux côtés du directeur général du BIT, a mis en place un processus de consultation de l’Agenda pour un travail décent récemment adopté par l’OIT. Ce processus s’est déroulé sur une année et a impliqué des représentants des plus grands systèmes philosophiques et spirituels, du judaïsme à l’islam, en passant par le christianisme, l’hindouisme, le bouddhisme et encore le confucianisme.
L’impact des facteurs philosophiques sur la conception du dialogue
avec Charles Morerod, membre de la Commission internationale de dialogue entre Catholiques et Anglicans.
Dans un premier temps le dialogue œcuménique a mis l’accent sur ce que les chrétiens ont en commun. Dans un second temps, devant des difficultés persistantes, on a compris qu’il fallait faire porter l’effort sur la mise en évidence de la « différence fondamentale ». Cette nouvelle étape ne signifie pas une régression, mais plutôt un processus de maturation. Il s’agit de repérer les facteurs qui jusqu’ici n’ont pas suffisamment été pris en considération dans le dialogue œcuménique doctrinal. Le Père Charles Morerod fait porter son analyse sur le facteur » qui a le plus clairement été laissé de côté « , le facteur philosophique. » C’est lorsqu’il pense le moins à la philosophie que le théologien en dépend le plus, parce qu’alors il philosophe à son insu « . L’examen ne porte pas sur un problème secondaire, ou marginal ; il touche à un thème central, celui de la nature du rapport entre Dieu et l’homme.
Extrait de la préface de « Œcuménisme et philosophie » par le cardinal Georges Cottier.
Peut-on parler d’union mystique chez Plotin ?
avec Luc Brisson, chercheur au CNRS. Il a publié notamment la « Vie de Plotin », « Platon, les mots et les mythes – comment et pourquoi Platon nomma le mythe ? » et a dirigé l’édition du premier volume des « Etudes platoniciennes ».